Emma Pavoni
Emma Pavoni, États de formes : relief,
cire d'abeille, 2016
Le travail visible d’ Emma Pavoni, apparaît principalement sous l’aspect de formes matérielles, ou d’images de formes. Des choses présentes, des présences.
Vous voyez une sculpture ; sa forme globale est linéaire, proche du dessin. Vous vous approchez et les matériaux employés, se révèlent alors : ce gris-là est du plomb, ce marron de la terre, ce jaune-ci de la cire. Les matériaux toujours bruts, sans fard.
La facture de la surface est celle du geste, du vivant, du mal-fait, de l’abîmé, du palpable, tout le contraire de l’ensemble minimaliste qui apparut au départ. C’est la matière qui parle de matière ; dans la boursouflure, la rugosité, la bulle inattendue, l’endroit réparé, le cheveu incarné : une mise en abyme de la matière dans sa physicalité.
Ces formes énigmatiques, voire abstraites agissent sur le regardeur par analogie : vous les avez déjà vues, ou pas pareilles, dans la vraie vie ou dans un rêve, sur votre frigo ? Il y a dans la pratique d’Emma beaucoup de plaisir dans le processus de création : la préparation par le croquis, les différentes étapes de la fabrication, les finitions.
Pour réaliser ses sculptures Emma Pavoni travaille à partir de moules qu’elle fabrique. Ils accueillent et embrassent la matière qui deviendra dure.
Elle attend. La forme est sortie puis nettoyée, réparée, retravaillée, rafistolée : du détail grossier. Distances d’accrochage, c’est un jeu avec l’espace de présentation, certaines sculptures semblent avoir été aspirées par les murs, magnétisées au plafond. C’est jouer avec le statut de la monstration des œuvres, les installer différemment, privilégier les murs au sol. Le travail plastique d’Emma, est plein d’antagonismes : minimaliste et gestuel, rugueux et luisant, régulier et maladroit. Ce sont des choses à voir, il n’y a rien à en dire.
Léa Puissant
Anaïs Boucheret
Anaïs Boucheret, Colonel,
Technique Mixte, 2016
Les travaux d’Anaïs sont à voir en tant que tels : tout est là, présent. Qu'ils soient sous forme de dessins au crayon de papier ou d'assemblages d'habits et d'objets, ils sont une image à regarder bien en face. Souvent de grande taille, ils sont des ouvertures dans le mur blanc de la salle d'exposition : '' des fenêtres '' du monde d’Anaïs qui s'arrêtent où commence le cadre. Anaïs est une artiste d’atelier, elle fabrique, confectionne ; à l'instar de ses broderies, son travail est minutieux, fastidieux. Elle peint, colle, vernit, si ça ne lui convient pas, elle repeint, recolle, revernit... travaille ses objets jusqu’à l’obtention de ce qu’elle désire : un grand œuvre. Il y a une application, une rigueur. Ses œuvres sont tendues, peu de place est laissée au hasard.
Anaïs récupère des objets qu'elle choisit, réemploie. Ne s'arrêtant pas seulement à l'aspect formel, mais cherchant le coup de cœur, du destin qui amène l'objet à elle. On peut parler d'objets fétiches. Elle détourne des objets ''déjà faits '', non pas au sens de ''ready-made, mais de ''ready-used'', comme le prouvent les semelles de chaussures achetées-portées-usées qu'elle emploie dans ses broderies sur serpillières. Par l'utilisation de l'ornement, ces objets pauvres, usés par la marche, marqués par la vie, sont dotés d’une âme. Réincarnées en oreilles de chiens ou chapeau, l'artiste offre une vie après la mort à ses semelles et chaussures devenues dès lors composantes essentielles de l'objet d'art, objet sacré.
Les sujets amenés sont ceux de la féminité et de ses douleurs, de l'amour, de l'enfance, du cirque, de la fête, du sexe, de la mort. Les œuvres sont denses, généreuses, exultantes et exaltées.
Sa signature AB, sonne comme le début de l' alphabet, qui introduit au monde de l’enfance. Par l’utilisation de couleurs simples et vives, d’objets attrayants : pompons, gommettes et paillettes, l'artiste vient contraster, contrebalancer, apporter une touche légère à des sujets difficiles, durs. Ceux-ci sont présentés avec humour, une farce bien gouailleuse et cynique, qui avec ses couleurs pêchues, montre la vérité grave de son gros doigt tout rose.
Anaïs Boucheret travaille par série. Elle fabrique des objets issus d'une même famille substantielle et formelle, parmi laquelle chaque œuvre est autonome et unique.
Ses images très composées sont à lire, ce sont elles qui s'adressent à nous, droit dans les yeux, fortes, directes, efficaces. Elles n'hésitent pas à faire des analogies ou utiliser des connotations : des renvois à la vie, à l'Histoire, à la Vierge Marie, à se lier avec l'iconographie médiévale, religieuse, patriotique, qu'elle tourne en dérision.
L'oiseau de papier à la table de l'homme qui fume ou la bichromie de Songe du Cabinet, font régner sur le travail d'Anaïs Boucheret une atmosphère étrange et solennelle.
Le vernis enveloppe les pétales de fleurs, tissus, pages de papier… appliqué en grosse couche, il semble pétrifier ceux-ci, les rendre éternels. Les œuvres d’Anaïs sont posthumes de son vivant.
Elle ourdit le rêve de l'accomplissement de sa grande rétrospective intitulée :
Dans ta Farce !
Léa Puissant
Anaïs récupère des objets qu'elle choisit, réemploie. Ne s'arrêtant pas seulement à l'aspect formel, mais cherchant le coup de cœur, du destin qui amène l'objet à elle. On peut parler d'objets fétiches. Elle détourne des objets ''déjà faits '', non pas au sens de ''ready-made, mais de ''ready-used'', comme le prouvent les semelles de chaussures achetées-portées-usées qu'elle emploie dans ses broderies sur serpillières. Par l'utilisation de l'ornement, ces objets pauvres, usés par la marche, marqués par la vie, sont dotés d’une âme. Réincarnées en oreilles de chiens ou chapeau, l'artiste offre une vie après la mort à ses semelles et chaussures devenues dès lors composantes essentielles de l'objet d'art, objet sacré.
Les sujets amenés sont ceux de la féminité et de ses douleurs, de l'amour, de l'enfance, du cirque, de la fête, du sexe, de la mort. Les œuvres sont denses, généreuses, exultantes et exaltées.
Sa signature AB, sonne comme le début de l' alphabet, qui introduit au monde de l’enfance. Par l’utilisation de couleurs simples et vives, d’objets attrayants : pompons, gommettes et paillettes, l'artiste vient contraster, contrebalancer, apporter une touche légère à des sujets difficiles, durs. Ceux-ci sont présentés avec humour, une farce bien gouailleuse et cynique, qui avec ses couleurs pêchues, montre la vérité grave de son gros doigt tout rose.
Anaïs Boucheret travaille par série. Elle fabrique des objets issus d'une même famille substantielle et formelle, parmi laquelle chaque œuvre est autonome et unique.
Ses images très composées sont à lire, ce sont elles qui s'adressent à nous, droit dans les yeux, fortes, directes, efficaces. Elles n'hésitent pas à faire des analogies ou utiliser des connotations : des renvois à la vie, à l'Histoire, à la Vierge Marie, à se lier avec l'iconographie médiévale, religieuse, patriotique, qu'elle tourne en dérision.
L'oiseau de papier à la table de l'homme qui fume ou la bichromie de Songe du Cabinet, font régner sur le travail d'Anaïs Boucheret une atmosphère étrange et solennelle.
Le vernis enveloppe les pétales de fleurs, tissus, pages de papier… appliqué en grosse couche, il semble pétrifier ceux-ci, les rendre éternels. Les œuvres d’Anaïs sont posthumes de son vivant.
Elle ourdit le rêve de l'accomplissement de sa grande rétrospective intitulée :
Dans ta Farce !
Léa Puissant
CA ROOLE !
Cette présente édition a été réalisée conjointement avec Jimmy Beauquesne, elle est la restitution
numérique et papier de la résidence CA ROOLE !
Cette 10e résidence de 35H rassemblait les artistes :
Chloé Silbano,
Diego Guglieri Don Vito,
Florent Audoye,
Louis Frehring,
Marie Muzerelle,
Maxime Delhomme,